L'Opéra de Quat'sous  Bertolt Brecht

 

POURQUOI MONTER AUJOURD’HUI L’OPERA DE 4 SOUS ?

 

 Certains diront, en utilisant une expression galvaudée, qu’il « est dans l’A.D.N. » des Tréteaux du Riveau de représenter de grands textes, voire des classiques (comme La Cerisaie), auxquels des événements de notre temps donnent une actualité nouvelle.

 

L’Opéra de 4 sous s’inscrit dans cette tradition, comme le montre la tirade finale de Macky-le-surineur qui « entend bien se reconvertir entièrement dans le secteur bancaire (…) à la fois plus sûr et d’un meilleur rapport » :

 

« Nous autres, petits artisans aux méthodes désuètes, qui travaillons avec d’anodines pinces-monseigneur les tiroirs-caisses des petits boutiquiers, nous sommes étouffés par les grandes entreprises appuyées par les banques. Qu’est-ce qu’un passe-partout, comparé à une action de société anonyme ? Qu’est-ce que le cambriolage d’une banque, comparé à la fondation d’une banque ? »

 

Si Macky porte des gants blancs pour commettre ses méfaits en toute impunité, de nos jours les délinquants en col blanc (même en semaine !) enrichissent leurs actionnaires en exploitant les crises, tout en « nous prêchant l’abstinence ».

 

 

 

Mais, si le propos politique de BRECHT trouve ainsi un écho dans l’inconduite actuelle de certains, rien n’est moins moralisateur que cet opéra qui n’a pas pour 4 sous de sérieux !

 

Macky-le-surineur (dont la liste des méfaits n’est pas sans rappeler celle des conquêtes de Dom Juan dans l’opéra de MOZART) n’aura pas le sort qu’il mérite et la gaudriole est ici de rigueur. La dénonciation des travers humains se fait satire.

 

 

 

De l’ « ami des mendiants » aux pratiques maffieuses à sa « respectable » épouse qui carbure au « Cordial-médoc », en passant par le « chef suprême de la police » corrompu, BRECHT brosse une série de portraits hauts en couleur et nous entraîne dans une cascade de retournements de situation improbables, rythmée par des chants, jusqu’au « happy end » où le deus ex machina* n’est autre qu’un cheval-jupon enfourché par le hérault du roi, alias « Brown-le-tigre ».

 

 

 

Vous chantiez ? J’en suis fort aise ! Et bien, riez maintenant !

 

 

 

Elisabeth Grandet

 

 

 

 

 

*deus ex machina : intervention « divine », permise par un mécanisme théâtral, amenant un dénouement heureux, totalement invraisemblable.